Une blockchain n’est qu’un outil.
Il ne faut jamais l’oublier quand on en discute.
Techniquement parlant, ce n’est qu’un outil pour stocker des informations. N’importe quelle information. Tout ce qu’on peut faire avec cette blockchain, on peut aussi le faire avec une base de donnée (database – DB) comme MySQL ou MongoDB. Les seules différences avec une DB “classique”, c’est que
- cette base de donnée n’est pas stockée sur une seule machine, mais sur des milliers de machines (elle est décentralisée) et que cette multiplication sur des milliers de machines est “inhérente” à la technologie (c.a.d elle se fait automatiquement)
- les données stockées dans cette DB sont “interconnectées”, c.a.d que tu ne peux pas changer une donnée dans cette DB sans devoir changer toutes les autres données (c.a.d tu dois tout refaire depuis le début du stockage, ce qui est pratiquement impossible quand tu a des milliers de copies qui circulent dans la nature) – cette “Interconnexion automatique” aussi est inhérente à cette technologie. Pour prendre un exemple de la vie réelle : disons qu’un groupe de personnes décide d’écrire une phrase (c.a.d une „chaine de mots“) sur une feuille de papier, chacun écrivant un mot de cette phrase en signant sous le mot et qu’une fois la phrase complète écrite, chacune des personnes prenne ensuite une copie de cette feuille avec elle: il sera impossible de changer un mot de cette phrase, sans devoir détruire toutes les copies et recommencer à écrire cette nouvelle phrase avec les mêmes personnes. Voila (plus ou moins) comment fonctionne une blockchain.
Techniquement parlant, tu peux copier ces 2 principes (décentralisation et interconnexion) avec n’importe quelle autre technologie, car ils sont faciles à copier : n’importe qui peut, très rapidement, faire sa propre blockchain* ou quelque chose qui lui ressemble pour stocker n’importe quelle information.
Il s’avère que celui** qui a défini ces principes a décidé de prendre comme exemple d’application une monnaie et il a appelé cette monnaie Bitcoin. Et pour montrer que cet outil fonctionne bien, il a créé le 1er million de Bitcoins (c.a.d qu’au cours d’aujourd’hui, il possède une “contrevaleur” d’environ 56 milliards de $). Une monnaie n’étant aussi qu’un outil, je ne vais pas m’étendre aujourd’hui encore une fois sur cette aberration (mais me connaissant, je sais que je vais y revenir tôt ou tard).
Maintenant, ceux qui me connaissent, connaissent aussi mon crédo en terme de technologie : “il ne faut pas confondre la perceuse et le trou” -> même la meilleure perceuse ne sert à rien quand on oublie que l’objectif, c’est de faire un trou. Ou qu’on ne sait pas faire de trou.
D’ou ma critique de cette multiplication de copies du Bitcoin (il y’a entretemps plus de cybermonnaies que de vrais monnaies), qui n’est en fin de compte qu’une multiplication de perceuses en mal de trous.
Par contre la blockchain (a.k.a perceuse) en tant que technologie peut être très interessante quand on réfléchit à d’autres objectifs (a.k.a trous) mais UNIQUEMENT la ou les 2 avantages de l’outil (décentralisation et interconnexion inhérente) sont des avantages. Il y’a beaucoup de cas ou il s’avère que ces avantages sont des inconvénients. Par exemple : quand cet outil devient tellement gros ou grand qu’il faut de plus en plus d’énergie pour interconnecter les informations et les décentraliser. C’est à dire : si la feuille de papier prise comme exemple plus haut devient une encyclopédie -> c’est plus facile et moins couteux de copier une feuille de papier et la distribuer que de copier une encyclopédie et de la distribuer. Voila pourquoi la gestion du Bitcoin est devenu entretemps si énergivore***, qu’il consomme annuellement 2x la consommation énergétique de la Suisse.
Maintenant, le hype de Blockchain, Bitcoin & Co est malheureusement devenu l’arbre qui cache la foret. Et ce hype vient de se briser en Allemagne, quand le gouvernement a décidé d’utiliser la blockchain pour faire le carnet de vaccination du Covid. Après avoir tenté de concevoir cet objectif (a.k.a trou) avec la blockchain (a.k.a perceuse), le consortium qui a été sélectionné pour faire ce carnet de vaccination numérique a laissé tomber la blockchain pour retourner à une technologie plus classique.
Imaginez un seul instant vouloir transformer un petit carnet de vaccination ou il n’y a qu’une donnée de vaccination personnelle en une encyclopédie qui contient les données de TOUS les vaccinés pour comprendre pourquoi je répète assez souvent : il ne faut jamais confondre la perceuse et le trou. Et surtout pas quand il s’agit de Blockchain, Bitcoin & Co ….